Argument #1

Éric Zuliani -26 mai 2022

Récemment, une personne tout juste engagée dans une transition de genre témoignait sur les réseaux sociaux : « On m’a traité comme si j’étais fou, comme si je ne savais pas ce que je disais. Mon droit à l’autodétermination a tout de suite été bafoué.» Ces termes sont paradigmatiques. Dans ce propos se nouent à la fois la question de la folie et son refus, l’écart entre ce que l’on dit et ce qui s’entend et une référence forte au droit à l’autodétermination.

Être et dire

Jacques-Alain Miller, explorant il y a peu ce que Lacan appelle « l’anarchie “démocratique” des passions [1] » portant aujourd’hui spécialement sur la race et le sexe, a mis à jour un équivalent du cogito au niveau du dire : « Je suis ce que je dis. [2] » Sous l’accent d’une volonté identitaire, le discours dit woke en produit les nouveaux maîtres mots et une nouvelle morale. Aussi, cet énoncé devient-il un opérateur précieux pour interroger bien d’autres registres de l’existence humaine. Comment le sujet, être vivant et parlant, pris dans des relations sociales, traversé par les impasses de la civilisation, s’accommode-t-il de ce nouveau cogito ? Par quelles voies en vient-il à rencontrer un analyste, et comment se fait, alors, le branchement sur l’inconscient ?

Autodétermination

Il y a sans doute à se pencher sur ces nouvelles formes du moi autonome qui portent le nom d’autodétermination et qui s’inscrivent dans cette folie qu’est la croyance dans le moi. Au début des années cinquante, Lacan oppose le « c’est moi » de l’homme moderne au « ce suis-je » de François Villon [3]. Toutefois, ce c’est moi s’entend comme une réponse possible à une question posée au sujet sur son identité. Le Je suis ce que je dis d’aujourd’hui va plus loin, dans la mesure où c’est une affirmation aux accents impératifs qui efface toute interlocution. Elle réduit l’être à l’énoncé, les confondant et éclipsant l’énonciation : le sujet est alors parlé plus qu’il ne parle. Du côté de l’Autre, ces incidences de savoir, de désir, voire de jouissance, sont refusées : l’autodétermination se substitue à l’interlocution d’où s’absentent toujours plus les ressorts de la parole, comme le démontrent ses usages sur les réseaux sociaux. L’Autre est ravalé à l’écoute et ramené au semblable, d’où des choix relationnels sur le critère du même. Sans cet Autre, on résume volontiers le sujet à ses comportements, à sa cognition, voire à ses neurones, à son corps surtout.

Droit du sujet et liberté de l’Autre

Je suis ce que je dis témoigne d’un pousse-à-l’Un, à l’identité qui spécule sur le fait que la condition humaine se spécifie justement d’un défaut structural d’identité. Ce mouvement s’accompagne d’un refus, voire d’un rejet des assignations de l’Autre, trop universalisantes, étouffant la singularité de chaque Un. Il indexe dans ce mouvement les formes contemporaines du déni de l’inconscient, déni de l’Autre qui se formulent au nom du droit. Mais droit à quoi ? Droit à la jouissance, répond Lacan, qui en dévoile le véritable ressort : derrière le déni de l’Autre se révèle en fait que « c’est la liberté de l’Autre, que le discours du droit à la jouissance pose en sujet de son énonciation, et pas d’une façon qui diffère du Tu es qui s’évoque du fonds tuant de tout impératif [4] ». La liberté apparente du sujet a donc son envers : un Autre qui prend les traits d’un surmoi féroce.

Écoute et interprétation

Or, comme la distinction que Lacan opère depuis le début de son enseignement entre le moi et le sujet le pointe, il « ne s’agit pas de savoir si je parle de moi de façon conforme à ce que je suis, mais si, quand j’en parle, je suis le même que celui dont je parle [5] ». Introduisant la fonction de la parole, il démontre qu’elle opère une division, et en conséquence un phénomène qui consiste à ne pas savoir ce qu’on dit, comme en témoigne tout sujet parlant. D’une certaine manière, Je suis ce que je dis n’est autre qu’une défiance quant à la langue, à son pouvoir, à sa valeur interprétative et ses effets. L’inconscient, dont on ne veut pas entendre parler, n’en est que plus présent : les modalités de son déni sont autant de modalités de son retour dans le sujet. Mais pour que cette parole puisse opérer, à l’écoute doit s’ajouter l’interprétation.

 

Il s’agit donc de reprendre à nouveau frais la fonction de la parole dans l’expérience analytique et ce qu’elle distribue en termes de désir, de demande et de jouissance au regard de ce nouveau cogito ; d’expliciter cliniquement la distinction entre le moi et le sujet, mais aussi d’explorer les dénis contemporains de l’inconscient dans ce qu’il a de réel. Comment, dans l’expérience analytique, se manifestent ces négations et quelles en sont les incidences sur la direction de la cure ?

 

[1] Lacan J., « L’agressivité en psychanalyse », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 122.

[2] Miller J.-A., intervention lors de « Question d’École », École de la Cause freudienne, Paris, 22 janvier 2022, inédit.

[3] Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Écrits, op. cit., p. 281.

[4] Lacan J., « Kant avec Sade », Écrits, op. cit., p. 771.

[5] Lacan J., « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud », Écrits, op. cit., p. 517.

 

Argument #2

Anaëlle Lebovits-Quenehen -25 mai 2022

Racisés, blancs, hétéros, homos, cis, trans, etc., l’époque est à l’identité qui s’affirme, se revendique, voire se clame à l’occasion comme si la vie en dépendait. Jacques-Alain Miller a pu noter en ce sens qu’au cogito cartésien « Je pense, donc je suis » se substituait aujourd’hui un dico : « Je dis, donc je suis [1] ». Selon ce dico, il suffirait de dire ce que l’on est pour être ce que l’on dit.

Par ailleurs, notons-le, nul écart, dans ce dico, entre la chose dite et l’être supposé s’en déduire, nulle place pour la division subjective que l’inconscient fait émerger. Tout va comme si, dès lors qu’un sujet énonçait son identité, le hiatus qui git au cœur de l’être parlant du seul fait que le langage l’affecte, se résorbait tout à fait.

Sans pudeur

Ainsi se présente-t-il des sujets, effets de leur propre dico, si identifiés à eux-mêmes, si plein d’eux-mêmes, qu’ils s’exhibent sans pudeur, ni honte. Les acteurs de téléréalité et leurs témoignages incessants, censés attester qu’ils sont ce qu’ils disent être, sont exemplaires d’une telle tendance à l’exhibition, qui appelle, en retour, le voyeurisme. De fait, la pudeur atteste de ce qu’entre un sujet et ce à quoi il s’identifie, entre un sujet et le réel de la jouissance auquel il a affaire, l’écart qui se creuse appelle une certaine retenue, et l’imposition d’un voile. Seul un être qui coïncide parfaitement avec lui-même peut s’avancer, tel Yahvé affirmant : « Je suis ce que je suis [2] ».

Mais si le sujet du dico est tout à fait lui-même sur un certain plan – au point qu’il s’exhibe ainsi sans retenue –, il est, sur un autre plan (très conforme à l’idéologie woke), tout à fait absent de lui-même contrairement à Yahvé. Il est alors d’autant plus ce qu’il est qu’il n’est pour rien dans ce qu’il est. Loin de se considérer comme impliqué dans son mode de jouir, l’identité affirmée par le dico s’affirme comme le fruit de pures déterminations extérieures. La responsabilité subjective n’y a pas sa place, ce qui renforce d’autant le pousse-à-l’exhibition dont le sujet témoigne. En effet, dès lors qu’il ne se trouve pas impliqué dans son être, de quoi le sujet du dico aurait-il honte ? Sur quoi jetterait-il le voile de la pudeur, puisque ce n’est pas lui qu’il affiche en s’exhibant ?

Au champ de l’Autre

Ce Je suis s’affirme souvent d’autant plus vigoureusement qu’il va parfois contre l’évidence – ainsi par exemple quand un sujet prétend être autre chose que ce qui s’en perçoit au premier abord. Cette identité qu’il affirme, et dans laquelle il se reconnaît, s’impose certes d’abord au sujet du dico lui-même, mais il lui faut ensuite l’imposer à l’Autre qu’il institue comme témoin de ce qu’il est. Sa certitude propre doit devenir celle de l’Autre, et cela jusqu’au point de dissuader, cet Autre, de l’interroger : Pour autant que je l’ai dit, tu n’as, toi, rien à dire.

Pourquoi une telle injonction au silence ? Pourquoi la déclaration identitaire doit-elle être le dernier mot, sinon parce que l’identité qui s’y affirme s’éprouve comme une identité blessée (par le racisme, le sexisme, la misogynie, l’homophobie, la transphobie, la grossophobie, etc.) ? En réalité, l’être émergeant du dico fait volontiers couple avec son potentiel offenseur. C’est la raison pour laquelle le dico vise d’abord la neutralisation de toute parole qui pourrait, bien sûr, nier son identité, mais même seulement l’interroger, ou interpréter les dits dont elle procède. Il prend ainsi acte des effets potentiellement marquants, voire blessants de la parole, mais il l’étend à toute parole qui ne se limiterait pas à confirmer l’énoncé dont l’affirmation identitaire procède.

Ève Miller-Rose notait récemment que « faire de tout propos qui ne soit supplétif à ces discours identitaires une blessure, une offense, c’est prêcher que les mots sont blasphématoires [3] ». C’est justement dans cette mesure que les tenants du dico se tiennent à l’abri de ces propos « blessants ». Car cette blessure, sans doute, leur en rappelle-t-elle une autre. Comme Lacan nous l’indique en effet lalangue marque dès l’abord le corps de son empreinte et ses effets sont plus ou moins blessants selon la façon dont elle a été véhiculée auprès de tel sujet en particulier. Et ces tenants du dico, si prompts à voir du blasphème là où une parole peut émerger, on peut supposer que lalangue les a, eux, spécialement atteints et blessés. Toute parole à venir porte dès lors la trace brûlante (et toujours prête à se raviver) de cet impact dont il s’agit de se prémunir.

Or, réduire l’Autre au silence est bien une manière de neutraliser les effets de sa parole, et la plus radicale qui soit. Une autre est de prétendre réformer la langue comme on le voit faire aujourd’hui avec, entre autres, l’introduction de nouveaux termes et une nouvelle façon de se rapporter au genre grammatical. Mais dans une telle perspective, réformer la langue semble constituer une quête sans fin, tant il est vrai qu’aucune novlangue ne sera jamais assez nov pour voir ses effets potentiels neutralisés.

L’inconscient dénié et son retour

Comme l’inconscient n’est pas une substance, qu’il n’est pas localisable dans le corps, et ne constitue pas davantage une partie de l’âme ou de l’esprit, mais qu’on en saisit les émergences à même la langue, et pour autant seulement que quelqu’un l’interprète cet inconscient, le diktat du dico qui intime le silence, en constitue bel et bien une négation. Pourtant, la psychanalyse, qui fait fond sur l’inconscient, est le lieu même – et le seul –, où il y a chance de composer avec lalangue et ses effets subjectifs passés, présents et futurs.

L’inconscient peut donc bien être dénié, ses effets se font sentir – et cela, peut-être d’autant plus qu’il est dénié. C’est spécialement sensible au niveau de la jouissance, qui n’est jamais celle qu’il faudrait [4]. Exilé d’un rapport d’harmonie au monde, aux autres et à lui-même, le corps parlant, qu’il fasse fond sur l’inconscient ou le dénie, reste soumis à cet exil. Mais le déni de l’inconscient voue un sujet à s’aventurer dans l’existence, lesté de cette « écharde dans la chair [5] » dont la douleur exquise se rappelle parfois à lui, et dont aucun dico, si assertif soit-il, ne parviendra jamais à le soustraire qu’illusoirement, et seulement le temps que durent les roses.

Ainsi, l’inconscient réel insiste-t-il à se faire reconnaître lui aussi, à titre d’existant.

 

[1] Miller J.-A., intervention lors de « Question d’École », École de la Cause freudienne, Paris, 22 janvier 2022, inédit.

[2] Exode, chapitre 3, verset 13-14. Et cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xvii, L’Envers de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1991, p. 74-75.

[3] Miller-Rose È., Intervention lors de la « Grande Conversation de l’École Une », Association mondiale de psychanalyse, Paris, 20 avril 2022, inédit.

[4] Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre xx, Encore, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1975, p. 55.

[5] Lacan J., « Jeunesse de Gide ou la lettre et le désir », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 757, cité par Miller J.-A. lors de sa présentation d’Ornicar ? Lacan Redivivus à la librairie Mollat, ACF en Aquitaine, 5 février 2022, inédit. 

 

Argument #3

Alice Delarue -24 mai 2022

Le cogito et l’inconscient

« Je suis ce que je dis [1] ». Avec cette formule, qui donne son titre aux 52e Journées de l’École de la Cause freudienne, Jacques-Alain Miller nous éclaire sur une torsion contemporaine du « Je pense, donc je suis » cartésien. Ce nouveau paradigme épingle un trait de la subjectivité de notre temps, trait qui concerne au plus haut point le rapport à la parole et à l’inconscient, et donc la praxis de la psychanalyse. Lacan a en effet démontré que le moment du cogito était corrélatif d’une mutation décisive de la science et qu’il signait l’apparition d’un nouveau sujet, qui se spécifie de s’être préalablement délesté de tout savoir subjectif pour pouvoir produire le savoir certain de la science. Bien que celle-ci soit « une idéologie de la suppression du sujet [2] », le sujet de la science est paradoxalement celui sur lequel la psychanalyse peut opérer, dans la mesure où il lui est possible de se laisser diviser en consentant à se séparer de ses intuitions, de ses croyances, de ses affects, de ses identifications. C’est ce moment cartésien qui a ouvert la possibilité de l’invention de la psychanalyse et de son objet, le savoir inconscient – dont le discours scientifique n’a cure.

Un savoir emmerdant

Le sujet préfreudien n’était pas sans entretenir un rapport d’amour à l’inconscient, sous les espèces de la recherche de la connaissance. Depuis l’invention de la psychanalyse, il y a toujours eu ceux qui s’orientent des discours établis, qui se passent très bien du savoir inconscient, et ceux pour lesquels quelque chose cloche au point qu’il leur est nécessaire d’en passer par l’expérience de la cure. Cependant, indique Lacan, du fait du succès de la psychanalyse, pour « la première fois dans l’histoire, il vous est possible […] de refuser d’aimer votre inconscient, puisque enfin vous savez ce que c’est : un savoir, un savoir emmerdant [3] ». Ce savoir emmerde le sujet, car il implique « le sans pardon, et même sans circonstances atténuantes [4] » quant à sa responsabilité devant la vérité, une fois qu’il l’a entraperçue dans sa dimension d’horreur. Si le discours analytique reste scandaleux, c’est qu’il va à rebours de la pente commune, qui est celle du refus ou de l’écrasement de ce réel.

 

Nouveaux dénis de l’inconscient

Freud et Lacan nous ont enseigné sur les différentes façons dont l’être parlant peut se défendre du savoir inconscient : refoulement, forclusion, dénégation, mais aussi méconnaissance, résistance, oubli, belle indifférence… Le sous-titre de ces Journées met l’accent sur les nouvelles formes de déni, parmi lesquelles on pourrait situer le refus, la haine, le désamour de l’inconscient, ainsi que l’autoaffirmation de soi, en tant qu’elle obture la place de ce savoir dans les intervalles de la parole.

Parmi ceux qui pensent pouvoir être ce qu’ils disent, il en est ainsi certains qui, fondamentalement, refusent d’être dupes du Père, de cette figure de l’Autre qui peut orienter le destin du sujet en disant non à sa jouissance, tout en supportant cette limitation de l’amour. Or, comme l’a épinglé Lacan, les non-dupes errent au sens où leur refus les rend plus dupes encore du lieu de l’Autre qu’ils reconstituent dans l’imaginaire. Leur erreur, qui n’est donc pas « l’erreur commune [5] », c’est d’imaginer que leur vie n’est qu’un voyage et qu’ils peuvent cheminer comme bon leur semble dans le monde – tant qu’ils restent à l’écart de la grand-route.

Il est patent que, dans le champ de la sexuation, de plus en plus de sujets refusent d’être « signifié[s] phallus par le discours sexuel, qui […] est impossible [6] » et pensent avoir les coudées franches pour s’autodéterminer. Si Lacan a pu dire que l’« être sexué ne s’autorise que de lui-même […] et de quelques autres [7] », il oppose aux non-dupes que « Ce que vous faites, […] sait ce que vous êtes [8] ». Le discours peut s’affirmer haut et fort, la parole se déployer tant et plus, un réel auquel l’être parlant a affaire insiste et peut se lire dans ses actes, dans son rapport aux autres et dans ce qu’il fait de son corps.

La rencontre avec le désir de l’Autre se fait toujours sous l’égide du malentendu. Il marque le corps du sujet et le coince dans un certain nœud qui ne lui donne aucune essence, aucune identité. Mais il détermine un mode de jouissance et crée un savoir dysharmonique là où il y a un trou. Le non-dupe est celui qui ne consent pas à la méprise, en tant qu’elle est « la forme propre de la prise du savoir inconscient [9] ». La psychanalyse parie que si l’être parlant a le courage de se laisser interpréter par ce savoir qui est un chancre, s’il consent à s’en faire la dupe, à l’aimer, alors celui-ci peut lui offrir la chance de moins errer.

 

[1] Miller J.-A., intervention lors de « Question d’École », École de la Cause freudienne, Paris, 22 janvier 2022, inédit.

[2] Lacan J., « Radiophonie », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 437.

[3] Lacan J., Le Séminaire, livre xxi, « Les non-dupes errent », leçon du 11 juin 1974, inédit.

[4] Ibid., leçon du 11 décembre 1973.

[5] Lacan J., Le Séminaire, livre xix, …ou pire, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 2011, p. 17.

[6] Ibid.

[7] Lacan J., Le Séminaire, livre xxi, « Les non-dupes errent », op. cit., leçon du 9 avril 1974.

[8] Ibid., leçon du 11 décembre 1973.

[9] Miller J.-A., « Commentaire du “Séminaire inexistant” », Quarto, no 87, juin 2006, p. 14.

 

 

 

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